Battre le fer

Intitulé « Battre le fer », ce livre fait la part belle à l’expérience comme approfondissement de toute pratique, comme socle de toute théorie. Et elles sont nombreuses, ces expériences qui défient le monde – qu’elles le fassent frontalement, ou qu’elles le fassent en « érodant l’institution », comme nous nous plaisions à le dire dans le deuxième numéro de la revue. Fabriqué sur deux années entières, nous avons imaginé ce livre comme une possibilité, pour qui le lira, d’enfin rater mieux. De Kerlédé à Calais ; des Beaux-Arts de Paris occupés en 68 à l’occupation de l’Irlande du Nord par l’économie ; des luttes anti-asilaires italiennes au Réseau-Alternative à la psychiatrie; des jardins d’Aubervilliers à l’assemblée nantaise pour la liberté d’avorter ; des entrailles de l’intuition à celles de Kafka ; « de Cap à Alger »… dire l’expérience, c’est faire des ponts entre des lieux, des temps et des tons a priori hermétiques. « Battre le fer ». Ce troisième numéro de Parades, nous l’offrons aux praticiens d’un communisme toujours en travail. Communisme nomade pour lequel théorie et pratique sont toujours entremêlées ; communisme impur qui implique de concert et constamment composition et conflictualisation. Communisme technique : contre le mythe fondateur ou la fin de l’histoire, la boîte à outils. Battre le fer. Tant qu’il est chaud, ici et maintenant, dans la complexité du milieu. Produire la situation, sans attendre que d’hypothétiques « conditions objectives » soient réunies. « Battre le fer ». Car il ne fait aucun doute qu’il nous faudra des armes, des espaces, des amitiés.